lundi 27 octobre 2008

Place à la victoire !

Les quelques lunes de tempêtes semblent s’être enfin apaisées. La pluie battante et les bourrasques violentes ont été les témoins de combats ultimes, sans retour, sauvages et sanglants, à la fois terrifiants et exaltants. Tout a été si vite ! Je ne peux m’empêcher d’être heureuse d’avoir niché en ce lieu fantastique les prémices de ce nouveau royaume ! Ce choix a sans aucun doute été salvateur, épargnant les miens des âpres luttes seigneuriales. Sa couverture forestière et sa position nichée au creux des falaises lui a permit d’être caché aux yeux fourbes et féroces. Mon peuple a ainsi pu s’affairer chaque jour un peu plus à sa construction et à sa fortification, alors que mes troupes chaque lune sont parties à l’assaut, revenant victorieuses à chaque reprise, et dotée d’un pillage bienvenu. Notre royaume est dorénavant l’un des plus résistants, l’un des plus florissants, après celui de Dame Lalwende, en qui j’ai découvert une alliée précieuse. Le commerce entre nous va bon train, et laisse présager un long et paisible avenir aux miens. Je regrette que Dante ait du partir si précipitamment de ces terres… Si seulement mes espions avaient découverts plus tôt son dernier assaillant, il aurait pu partager cette victoire à mes côtés !… Mais, il n’était sans doute pas écrit que notre orc devait rester ici. Sans doute ses pas sont-ils guidés vers un lieu plus propice aux siens…


Je parcours les rues nouvellement pavées de cette cité en effervescence. Partout, les bannières claniques s’entrelacent avec les étendards d’Iòna. Vêtue de couleurs pourpre et or, comme la plupart des femmes de mon peuple, qui chantent gaiement la gloire du Clan et des elfes, en accrochant de multiples guirlandes colorées en travers des ruelles, je me baigne dans cette étuve de joie, un panier empli de champignon sous le bras. Je viens tout juste de les cueillir en forêt, en compagnie de quelques enfants dont le sourire s’étendait jusqu’aux oreilles. Les hommes montent des estrades, disposent des chaises, et roulent les indispensables tonneaux d’alcools divers. Les cuisiniers préparent moult plats aux saveurs exquises, dont les fumées embaument déjà l’air, en vue de l’immense banquet qui s’annonce ! Je dépose mon panier à l’un d’eux, le meilleur qui soit pour donner à ces merveilles toute leur saveur ! Ici, ce sont des saltimbanques qui s’entraînent pour exécuter leurs numéros, là, je croise un barde équipé d’une flûte et d’une harpe, et d’un don des esprits, sa magnifique voix cristalline. Tout sera bientôt près, la fête et ses spectacles prennent possession de mes terres ! Je regarde autour de moi, et tout n’est que couleurs et enchantement, liesse et engouement ! Mon cœur se gonfle d’un bonheur immense à les voir tous si joyeux, à observer leurs regards pétillants ! Leurs rêves n’ont pas été brisés, mieux, ils sont devenus réalité ! L’or coule à foison, les caisses du royaume étant remplies bien plus que nécessaire ! Mes troupes ont eues leur part du butin, ont déposé leurs armes, et se mélangent à présent parmi la foule venue ici fêter la victoire ! Ils goûtent à un repos bien mérité. D’un pas tranquille, je me dirige vers les écuries, où je retrouve ma jument, Célérité. Sans prendre le temps de l’harnacher, je l’entraîne au dehors de cette allégresse.


La bruine persistante de ce matin laisse enfin place à de timides rayons de soleil perçants à travers une dense masse nuageuse. De nouveau je suis là, sur cette falaise qui détient une partie de mon âme. Laissant Célérité paître l’herbe fraîche, je m’avance vers un point précis, d’où la vue est particulièrement belle et dégagée. C’est ici même que sera dorénavant dressé une sculpture, témoin de la fièvre pacificatrice qui nous a conduit à la conquête de ce lieu. Creusée au cœur d’un seul et unique morceau de bois peint, de stature impressionnante, elle représente un aigle, ailes déployées, ses yeux d’émeraudes tournés vers l’immensité océanique, perché sur un tronc finement ciselé, sur lequel est gravé pas à pas l’histoire de cette guerre vécue par les miens et des rencontres qui ont participé à cette fin providentielle, notamment l’alliance efficace avec le digne Seigneur Saliera, le soutien apporté par cette guerrière aux multiples bannières, la Fée Viviane, malgré ma méfiance à son égard, et le sacrifice héroïque du Seigneur Bart Abba... Un vers est consacré à Dame Reese, qui m’a guidé vers Saliera, et dont le départ précipité n’a pas laissé le temps pour une plus ample collaboration. Pour que tous sachent, pour que l’histoire soit éternelle, et racontée telle une légende, au coin d’une cheminée à des enfants aux yeux écarquillés ! Un jeune chêne, symbole clanique, a été planté non loin. Que sa force millénaire soit la gardienne de mon éden et de mon peuple! Pour que le Clan vive ici aussi , sur ces terres aux milles couleurs automnales et où le vent murmure aux oreilles de ceux qui prennent le temps de l’écouter.


Au loin, j’aperçois la flotte de Dame Lalwende, ainsi que celle du Seigneur Hentlum. Le traité va bientôt être officiellement signé et les réjouissances vont pouvoir commencer ! Je m’en retourne vers les miens, pleine de satisfaction, l’esprit déjà tourné vers mon retour à la Cité clanique et vers mon compagnon.

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