jeudi 6 novembre 2008

Le rivage de la vie

Le Temps avance, fier et insolent
Arrogant, éternel, sans hésiter il s'élance,
Insensible à ceux qui se perdent dans sa danse!
Trop faibles, trop sensibles, trop lents...

Avec sa belle et inséparable amie la Vie
A jamais, ils survivent, ils vivent, ils perpétuent
Faune, flore, ceux qui naissent, et ceux qu'ils tuent
Dans cette ronde perpétuelle, sans s'en faire souci...

Et là, quelque part, âme solitaire
Tu essaies en vain de te rattacher à ton tour
A cette danse, sa vitesse, ses amours
Et pourtant, c'est toi, ici, à terre....

Qu'a t'il pu se passer
Pour qu'à présent, tu te retrouves glacé d’effroi,
Hors de cette onde qui passe si près de toi
Te laissant sur le bord, esseulé?

As-tu ralenti le rythme, oubliant de repartir
Dans cette course folle, ce courant infernal
Qui à chacun offre un flux vital
Cette énergie qui nous permet de sourire...

As-tu voulu rebrousser chemin?
Regarder en arrière, ou juste t'arrêter un instant
Faire face à ce fluide qui dirige ton temps
Te retourner, pour lutter contre ton destin?

Là, le temps semble ne pas avoir cours
Ici tu entends tes propres pensées
Mais ici aussi, te voilà effrayé
Nous ne sommes pas fait, pour ce non retour....

Ce rapport à ton âme, cette inéluctable méditation
Peu à peu t'englouti sous une vague cruelle et impitoyable
Tu halètes, te reprends, mais l'humain est si vulnérable !
Trop chétif pour supporter cette infinie réflexion...

Au bord du chemin à présent tu te trouves
Et c'est là qu'à présent, tu dois faire face
Reprendre cette voie, rentrer dans cette valse

Ou rester perdu à jamais au coeur de cette douve....

mardi 28 octobre 2008

Mouladhil

Chants et musiques envahissent le continent plein d'euphorie. L'elfette saisit son verre, se met debout sur le banc sur lequel elle s'est assise, et prend la parole d'une voix pleine d'entrain, le regard réjoui par cette victoire tant espérée, se lançant soudain dans une ballade improvisée :

Le temps des combats ici s'achève
Après moult batailles sauvages et sanglantes
Dont la rage fût aussi terrible qu'exaltante
Et desquelles en cet instant, nous déclarons la finale trêve !

Digne d'un héros, mon peuple s'incline devant lui,
Le très respectable Seigneur nommé Bart Abba
Qui dans un geste des plus honorables s'est désisté ici bas ;
Et il salue aussi l'irascible Consul, qui inéluctablement l'a suivi

Gloire à une alliée loyale et fidèle
Qu'en Dame Lalwende les miens ont trouvé !
Avec elle cette belle victoire partagée
Réalise notre souhait originel !


Vers Dame Reese nos pensées s'élancent
Nous ayant guidée vers le brave Seigneur Saliera
Que mon peuple en joie salue bien bas
Car grâce à lui en ce jour de paix il danse ! :)


Mes hommages à la fougueuse Viviane la Fée
Qui, malgré ma suspicion et ma défiance à son égard
Nous aura aidé même après son rapide départ...
Puisse les étoiles guider sa puissante dextérité !

Une verre, non, des dizaines de tonneaux !
A notre orc Dante, qui aurait du être là lui aussi
A boire jusqu'à plus soif toute la nuit
Fêtant bruyamment une victoire méritée, à grand renfort de rots !! :D


Cette pacification je la dédie bien sûr à ma fratrie : le Clan !
Son étendard flotte à jamais sur les belles terres de Mouladhil
Témoignant de sa grandeur jusque sur cette lointaine île !
Je suis heureuse et fière de signer là ma troisième victoire en ses rangs !

lundi 27 octobre 2008

Place à la victoire !

Les quelques lunes de tempêtes semblent s’être enfin apaisées. La pluie battante et les bourrasques violentes ont été les témoins de combats ultimes, sans retour, sauvages et sanglants, à la fois terrifiants et exaltants. Tout a été si vite ! Je ne peux m’empêcher d’être heureuse d’avoir niché en ce lieu fantastique les prémices de ce nouveau royaume ! Ce choix a sans aucun doute été salvateur, épargnant les miens des âpres luttes seigneuriales. Sa couverture forestière et sa position nichée au creux des falaises lui a permit d’être caché aux yeux fourbes et féroces. Mon peuple a ainsi pu s’affairer chaque jour un peu plus à sa construction et à sa fortification, alors que mes troupes chaque lune sont parties à l’assaut, revenant victorieuses à chaque reprise, et dotée d’un pillage bienvenu. Notre royaume est dorénavant l’un des plus résistants, l’un des plus florissants, après celui de Dame Lalwende, en qui j’ai découvert une alliée précieuse. Le commerce entre nous va bon train, et laisse présager un long et paisible avenir aux miens. Je regrette que Dante ait du partir si précipitamment de ces terres… Si seulement mes espions avaient découverts plus tôt son dernier assaillant, il aurait pu partager cette victoire à mes côtés !… Mais, il n’était sans doute pas écrit que notre orc devait rester ici. Sans doute ses pas sont-ils guidés vers un lieu plus propice aux siens…


Je parcours les rues nouvellement pavées de cette cité en effervescence. Partout, les bannières claniques s’entrelacent avec les étendards d’Iòna. Vêtue de couleurs pourpre et or, comme la plupart des femmes de mon peuple, qui chantent gaiement la gloire du Clan et des elfes, en accrochant de multiples guirlandes colorées en travers des ruelles, je me baigne dans cette étuve de joie, un panier empli de champignon sous le bras. Je viens tout juste de les cueillir en forêt, en compagnie de quelques enfants dont le sourire s’étendait jusqu’aux oreilles. Les hommes montent des estrades, disposent des chaises, et roulent les indispensables tonneaux d’alcools divers. Les cuisiniers préparent moult plats aux saveurs exquises, dont les fumées embaument déjà l’air, en vue de l’immense banquet qui s’annonce ! Je dépose mon panier à l’un d’eux, le meilleur qui soit pour donner à ces merveilles toute leur saveur ! Ici, ce sont des saltimbanques qui s’entraînent pour exécuter leurs numéros, là, je croise un barde équipé d’une flûte et d’une harpe, et d’un don des esprits, sa magnifique voix cristalline. Tout sera bientôt près, la fête et ses spectacles prennent possession de mes terres ! Je regarde autour de moi, et tout n’est que couleurs et enchantement, liesse et engouement ! Mon cœur se gonfle d’un bonheur immense à les voir tous si joyeux, à observer leurs regards pétillants ! Leurs rêves n’ont pas été brisés, mieux, ils sont devenus réalité ! L’or coule à foison, les caisses du royaume étant remplies bien plus que nécessaire ! Mes troupes ont eues leur part du butin, ont déposé leurs armes, et se mélangent à présent parmi la foule venue ici fêter la victoire ! Ils goûtent à un repos bien mérité. D’un pas tranquille, je me dirige vers les écuries, où je retrouve ma jument, Célérité. Sans prendre le temps de l’harnacher, je l’entraîne au dehors de cette allégresse.


La bruine persistante de ce matin laisse enfin place à de timides rayons de soleil perçants à travers une dense masse nuageuse. De nouveau je suis là, sur cette falaise qui détient une partie de mon âme. Laissant Célérité paître l’herbe fraîche, je m’avance vers un point précis, d’où la vue est particulièrement belle et dégagée. C’est ici même que sera dorénavant dressé une sculpture, témoin de la fièvre pacificatrice qui nous a conduit à la conquête de ce lieu. Creusée au cœur d’un seul et unique morceau de bois peint, de stature impressionnante, elle représente un aigle, ailes déployées, ses yeux d’émeraudes tournés vers l’immensité océanique, perché sur un tronc finement ciselé, sur lequel est gravé pas à pas l’histoire de cette guerre vécue par les miens et des rencontres qui ont participé à cette fin providentielle, notamment l’alliance efficace avec le digne Seigneur Saliera, le soutien apporté par cette guerrière aux multiples bannières, la Fée Viviane, malgré ma méfiance à son égard, et le sacrifice héroïque du Seigneur Bart Abba... Un vers est consacré à Dame Reese, qui m’a guidé vers Saliera, et dont le départ précipité n’a pas laissé le temps pour une plus ample collaboration. Pour que tous sachent, pour que l’histoire soit éternelle, et racontée telle une légende, au coin d’une cheminée à des enfants aux yeux écarquillés ! Un jeune chêne, symbole clanique, a été planté non loin. Que sa force millénaire soit la gardienne de mon éden et de mon peuple! Pour que le Clan vive ici aussi , sur ces terres aux milles couleurs automnales et où le vent murmure aux oreilles de ceux qui prennent le temps de l’écouter.


Au loin, j’aperçois la flotte de Dame Lalwende, ainsi que celle du Seigneur Hentlum. Le traité va bientôt être officiellement signé et les réjouissances vont pouvoir commencer ! Je m’en retourne vers les miens, pleine de satisfaction, l’esprit déjà tourné vers mon retour à la Cité clanique et vers mon compagnon.

mercredi 15 octobre 2008

Un nouvel espoir


Nous voilà arrivés sur les vastes terres de Mouladhil depuis 5 lunes à présent. Le sol y est riche, et mes éclaireurs y ont observé des terres fécondes, aux cultures abondantes, aux élevages nombreux. Parsemées de collines, aux champs déterminés par un système de bocage, traversés par quelques rivières. Des terres presque vierges, habitées seulement par quelques paysans à qui appartiennent les troupeaux paissant tranquillement dans les petites parcelles. Des gens non accoutumés aux Seigneurs ni aux batailles, mais non hostiles à notre arrivée. Certains d’entre eux se sont même déplacés en personne, en compagnie de nos éclaireurs, curieux de voir de leurs propres yeux les navires de notre petite flotte.


L’automne est là, et laisse paraître l’ensemble dans une douce lueur orangée, rendant une beauté troublante au paysage. C’est en bordure de mer que j’ai choisi cette fois d’installer mon campement. Dante lui s’est enfoncé dans les terres. Je suis tombée sous le charme de cette frontière naturelle, de ces falaises rompant si abruptement avec la mer, luttant contre ses eaux, quotidiennement. Le vent y souffle fort, cet air pur traversé par l’embrun, ce qui n’est pas pour me déplaire. C’est entre deux de ces falaises que mon royaume commence à prendre forme, comme un joyau dissimulé dans un écrin précieux. Une grande forêt le cache en partie de la vue des voyageurs terriens. Seuls les plus aventureux, qui traverseront cette protection de part et d’autre auront la chance de découvrir mon nouvel éden. Une forêt rougeoyante, éclatante de couleurs chaleureuses en cette période propice à la nostalgie et au calme. De temps à autre, j’ai pu percevoir des effluves de champignons provenant de cette sylve. La pluie de ces derniers jours a du sans aucun doute faire éclore de précieux mets, et j’espère trouver quelques instants pour aller moi aussi m’y perdre et découvrir, au pied d’un arbre, quelques uns de ces cèpes si bons sous le palais.


Il fait froid, ainsi juchée à la merci des rafales, sur cette muraille rocheuse. J’entends les vagues qui se brisent avec une certaine violence en contrebas, dans cette lutte éternelle de la mer sur la terre. Il fait bon vivre ici, je me sens bien. Comme une envie de fermer les yeux et de m’allonger là, au milieu des herbes folles, et de me fondre dans cet univers qui m’entoure…. Mon regard se porte naturellement vers mon royaume, là, tout en bas, face à cette plage de galets. La vie y va bon train, et il prend forme peu à peu dans une atmosphère joyeuse. Les chants accompagnent les marteaux, les rires fusent au sein de mon peuple. L’espoir d’une vie douce y circule déjà, et j’espère pouvoir leur offrir ce présent bientôt. J’observe un instant l’étendue sylvestre. J’envisage d’aller moi même la parcourir la lune prochaine…Mais l’heure n’est pas aux rêveries. J’aperçois encore la silhouette de Sire Takeo qui redescend péniblement, prenant garde de ne pas glisser sur l’une des plaques boueuses semées sur le chemin de retour au royaume. Il vient tout juste de m’apporter un rouleau de parchemin, soigneusement rédigé par l’un de mes scribes, rapport des rumeurs colportées dans les chansons par mes bardes, et des informations de mission de mon espion. J’ouvre le document avec précaution, alors même que le vent s’affaire à le replier sur mes mains.


J’y constate la présence sur ce continent de ma vieille ennemie la Fée… Je fronce les sourcils… Le jeune Larme de Fée est également de la partie. Ce jeune homme ressemblant trait pour trait à son père disparu, et aux yeux brillants du même éclat que ceux de sa défunte mère…Son amie Eigoel Nahb est là elle aussi, sans doute sont-ils venus ensemble. Mon doigt glisse sur les noms des célèbres Krahn Dos Khaal, Célimbrimbor, Stormbringer et Bart Abba. Les noms d’Hyperion et d’Hentlum ne me sont pas non plus inconnus… Dame Reese est là elle aussi..Tenez, mais regardez ça !! Il semblerait que l’impétueuse pirate au ratounerlk ait jeté l’ancre ici elle aussi !


Je lève mes yeux du papier, et regarde la mer aveuglante à l'horizon, noyée dans ce soleil matinal. Les combats risquent d’être intéressants, rapides, et acharnés, pour devenir les maîtres de cette magnifique contrée ! Tous ces noms me laisse entrevoir de nombreuses alliances, possibles ou déjà en place. La méfiance sera donc de mise…Heureusement pour moi, je ne suis pas seule. Ensemble, nous réussirons peut être à aller loin ! Je l’espère. J’y crois.


Je me lève, et de nouveau regarde mon royaume. Le temps ne semble pas avoir de prise sur mon peuple , si ce n’est pour rythmer ses journées à la cadence des cycles solaires et lunaires. Oui, j’espère vivement, car je suis tombée sous le charme de ce pays, je le veux mien…Là bas, les matelots s’affairent gaiement autour de nos navires. Les enfants jouent de toute leur insouciance. Leurs mères s’occupent à leurs corvées, les surveillant du coin de l’œil, un mince sourire sur les lèvres… Oui, je l’espère, car je ne veux briser leurs rêves ni leur espoir…

mercredi 1 octobre 2008

Chanson pour le Rat (d'après "Un homme pressé)

J’suis un démon encorné
A nul autre pareil
Fouineur, espion né
Mes infos rapportées
Sont les meilleures du monde
Je n’ai pas le temps je file
Mon honneur est en jeu
Je suis énigmatique
Je suis plus que diabolique
Je vais vite très vite
J’suis un mort-vivant éternel
J’vais à travers les rangs
Je suis partout tout l’temps
Je suis omniprésent
Je deviens omniscient
J’ai envahi le monde
Avec tous mes rongeurs
Partout je suis là
Et partout je sais
J’ai les rats à mes pieds
Des milliards potentiels
De rongeurs soumis
Qui sont devenus ma vie
Toujours avec moi
Vous n’imaginez pas
Vraiment c’que c’est
Oui je suis là
Croquant des miettes de vos cerveaux
Qui veut goûter
A la rage de mon démon
Tortures au quotidien
Et inhumanité
C’est la fureur du Rat
Pouvez rien contre moi
Moi j’suis infâme et vil
Je n’ai jamais pitié
Je coupe les oreilles
Et j’aime quand vous hurlez
J’fais mon Bloody Harpy
Avec vos restes exquis
J’me délecte des RIP
Et d’leurs troupes que je…
Déguste évidemment
Les égouts tortueux
S’ouvrent pour moi
Il n’y a plus de secrets
Je suis le Roi des rats
Exploser les défenses
Pulvériser les camps
Et qu’est-ce que vous croyez
C’est ma voix c’est ma chance
J’adore être un espion
Et remplir ma mission
Pas le temps d’bavarder
Laissez-moi torturer
J’arrache à vos figures
Tous ses yeux apeurés
Vous voyez quand j’demande
J’veux une réponse rapide
Au risque de supplices
Et de finir en nourriture
Pour mes ratons
Oui je suis là
Croquant des miettes de vos cerveaux
Qui veut goûter
A la rage de mon démon
Vous savez que je suis
Un enragé
Un enragé
Un enragé
Je suis
Un enragé
Un enragé
Un enragé
Tortures au quotidien
Et inhumanité
C’est la fureur du Rat
Pouvez rien contre moi
Moi j’suis infâme et vil
Je n’ai jamais pitié
Je coupe les oreilles
Et j’aime quand vous hurlez
Je traverse le temps,
Je suis devenu omniprésent
Je suis le maître de la danse
Je peux toujours être en présence
Moi je vais vite très vite
Mon honneur est en jeu
Je suis énigmatique
Je suis plus que diabolique
Car je suis
Un enragé
Un enragé
Un enragé
Un enragé
Un enragé
Rat Rat Rat
Clame t’on en me voyant
Gloire à toi
Seigneur emblématique
Espion Plein de démence

Le shifumi dans les règles de l'art

Mais qui a eu l'idée folle, un jour d'inventer le shifumi ??? Voilà la première pensée de l'elfette ce matin là, alors qu'elle se réveille en sursaut. Pas possible, elle a encore perdu ! Elle jette un coup d'oeil à son compagnon, qui lui, dort paisiblement. Facile, avec son score de 144 victoires sur 198 parties jouées ! Sheena elle, est hantée par toutes ses défaites depuis quelques jours : imaginez un peu, seulement 60 victoires pour 145 parties ! Et voilà que cela vient la troubler jusque dans son sommeil ! Ah non, elle ne laissera pas cela se produire ! Ni une ni deux, la voilà qui farfouille dans les parchemins posés sur son bureau. Elle en prend 2, puis sort de la pièce d'un pas allant.


Il fait froid au dehors, et elle frissonne déjà, d'être partie comme ça, sans même prendre une bonne cape de laine. Le soleil pointe à peine à l'horizon. Elle avance, perdue dans ses pensées, et arrive devant la grande bâtisse : la bibliothèque de Daifen. Là, elle est quasiment sûre de trouver des réponses à ses questions. Elle pousse la lourde porte, puis s'avance dans le lieu silencieux. L'endroit est quasiment désert, et ça et là, quelques tables sont encore pourvues de bougies allumées. Elle s'approche de l'une d'entre elle, pose ses parchemins, puis s'avance dans les allées, à la recherche de n'importe quel grimoire qui pourrait la renseigner sur cette étrange pratique qu'est le Shifumi.Après un long moment, la voilà assise, entourée par divers vieux ouvrages abîmés par le temps, usés par les lecteurs. Tranquillement, elle commence sa lecture, en prenant des notes au fur et à mesure :

J'ai trouvé peu d'indications sur l'origine de ce jeu. Juste qu'il nous vient d'une contrée lointaine, peuplée d'humains aux yeux bridés, nommé l'Asie. Peut être le Seigneur Kawamashi pourra t'il m'éclairer, il me semble bien qu'il en est lui même originaire.... Les règles du jeu sont fort simple : couramment utilisé avec les « accessoires » pierre, papier et ciseaux, notre monde Daifennien l'a décliné au fil des siècles sous forme d'invocation du bois, de l'eau, et du feu. Le but du jeu étant bien évidemment de vaincre son adversaire (et c'est là ou le bas blesse pour moi ), et les règles étant les suivantes : le Bois bat l'Eau, l'Eau bat le Feu et le Feu bat le Bois, une égalité aboutissant à une nouvelle partie. Simple, peut être, mais moi, je perds toujours !!!! Voilà quelques jours, j'ai demandé au Seigneur Kere de me donner quelques astuces pour remporter au moins de temps à autre une victoire. Voilà sa réponse :


"euh....j'aurai tendance à dire joue au pif ou alors essaye de savoir ce que l'autre va jouer au prochain coup en fonction de ce qu'il a joué au tour d'avant.Aller je me sacrifie (ou pas ) je joue généralement au plus fort que ce que j'ai joué au match précédent.Maintenant que tu le sait, je jouerai différemment (ou pas )

Kere

ps: en même temps, je n'ai que des résultats qui font 1/
2pps: rien de très impressionnant."

En bonne élève que je suis, j'ai écouté ses conseils, et je l'ai battu !! Seulement voilà, son astuce ne fonctionnait pas contre celui qui prend un malin plaisir à me rat-tatiner à ce jeu ! Alors, j'ai du lui demander à son tour une astuce :

"hé hé...moi je réfléchis toujours à mon adversaire et son genre...petite fleur bleue? c'est l'eau! grand conquérant? c'est le feu Monsieur est neutre? c'est le bois!ensuite tu joues effectivement celui perdant de ton propre dernier coup...C'est souvent le gagnant du coup suivant de ton adversaire ex: tu as joué feu d'abord et tu as gagné...il faut jouer bois ensuite tu as joué feu d'abord et perdu, il faut jouer eau ensuite voici la technique du maître.... et quand tu sais plus tu joues bois! (avant je jouais feu mais avec bois ça marche mieux )

à plus ma chère "


Bref, j'ai essayé ça sur lui, mais là, ce n'était pas très convaincant. Je le soupçonne de m'avoir induite en erreur pour gonfler ses propres statistiques Enfin, voilà qui ne m'arrangeait pas... Alors mon dernier espoir repose sur cette méthode que je viens de découvrir dans ce bouquin : « Comment gagner à coup sûr au shifumi » . Cette méthode a sans doute fait ses preuves. Mise au point par le Centre National de la Recherche de l'Astuce Permettant de Gagner A Coup Sûr A Shifumi (le CNRAPGACSAS), cette astuce reste de nos jours inconnue du grand public. Voilà donc sans doute ma dernière chance d'écraser mes adversaires . Je vais la copier dans son intégralité, tous droits d'auteur réservé, afin que tous ceux qui, comme moi, en ont plus qu'assez de perdre, puisse utiliser cette botte secrète. Je vous accorde que tout cela soit un peu long, mais ça en vaut la peine :


« Nommons Melessé le joueur 1 et Alia le joueur 2. Selon la loi des possibilité de jeu de shifumi, ils ont chacun autant de chance de gagner, de perdre et de faire égalité. Puisque chaque joueur a 33.333x % de chance d'exécuter chacune de ces trois possibilités. Le problème, dont le centre s'est servi, c'est que l'on ne peut s'empêcher de remarquer que si l'on multiplie 33.3333x (x signifiant une infinité de 3) par 3, on obtient 99.999x (x signifiant là une infinité de 9). Or l'on remarque qu'il reste 0.00x1 % de chance non exploité. Et si l'on divise ce 0.00x1 par 2 (le nombre de joueur), on obtient 0.00x05. Seulement, le nombre de 0 étant infini, le 05 peut très bien correspondre à 5, donc on en arriverai à l'équation 1 = 5.(ahh ce que je déteste les stats!! C'est pour les érudits ça, par pour les elfettes!! )Connaissant donc les possibilité de gagner, de perdre et de faire égalité, toutes égales à 33.33x %, que représenterait ce (1 = 5)% de chance dans le jeu? Eh bien, avec la possibilité d'une négative d'anéquation (équation anéquative ou anéquativité équationale), il représenterait la possibilité de gagner à coup sûr. Mais 5, cela représente 500%, me direz vous, alors 100% serait-il égal à 500% ? Eh bien oui, tout cela grâce à l'anéquativité constante émise par une partie de shifumi. L'anéquativité est créée lors d'une partie de jeu de hasard, comme le shifumi, et est une chance négative de gagner. Par exemple, à chaque fois que vous jouez à shifumi, vous avez -500% et -100% de chances de gagner à coup sûr, et, le principe que le CNRAPGACSAS a découvert permettrait de renverser ce pourcentage négatif en pourcentage positif.Et voilà que les calculs reprennent, maintenant que vous avez compris le principe, c'est assez simple.

Reprenons nos Melessé et Alia. Maintenant, nous allons permettre à Melessé de gagner à coup sûr en lui révélant l'astuce. ... Voilà qui est fait, à présent, lançons la partie et les pourcentages. Melessé sait qu'Alia a 33.33x % de chance de lancer pierre, papier ou ciseaux. Melessé, qui, contrairement à moi, connaît les règles par coeur, étant un grand joueur, sait aussi que pierre > ciseaux > papier > pierre > ciseaux > papier x... Et c'est là qu'apparaît le tout, l'explication finale permettant, même pour ceux qui n'ont pas compris, de pouvoir apprendre l'astuce. Afin de gagner à 500%, Melessé doit se servir de l'anéquation et lancer une possibilité incohérente de bidimension intertemporelle, soit lancer le signe permettant de gagner. Eh oui, voilà tout. Imaginons qu'Alia ait choisit la pierre, Melessé, pour gagner, n'a juste qu'à choisir la feuille. Et si Alia choisissait la feuille? Eh bien Melessé n'aurait qu'à choisir le ciseaux.

Oui, maintenant, vous avez tout compris, il suffit, à l'aide de tout ce qui a été expliqué, de choisir le signe qui va battre celui que l'adversaire a pris. »

Bon, voilà, je n'ai plus qu'à aller détruire tous ceux qui m'ont jusque là pourfendu au Shifumi ! »

L'elfette met un point final à ses notes, remporte les parchemins contenant les conseils de ses amis, et se rend s'en tarder les défier comme il se doit....

jeudi 28 août 2008

Tentative d'évasion

Le matin est là... Le calme, comme toujours. La lumière filtre à travers les lourds rideaux. Il est tôt... Elle écoute les sons qui lui parviennent. Seules quelques âmes sont déjà éveillées.. à moins qu'elles ne soient pas encore couchées. Elle se lève silencieusement, et enfile rapidement ses vêtements, avant de se diriger vers la sortie. Sur le pas de la porte, elle se retourne. Il est là, paisiblement endormi. Elle sourit, regardant un instant le corps de l'être aimé se soulever au rythme de sa respiration. Elle finit par s'éclipser, et referme doucement la porte de la chambre derrière elle. Les rues claniques sont vite traversées, et elle se retrouve à l'extérieur de la ville.


La sylve se dresse devant elle, sillonnée par des filets de lumière scintillante. L'elfette s'avance sans bruit à travers cette forêt qui borde la Cité clanique. Elle est attirée par l'envie irrésistible de respirer la pureté limpide du jour nouveau. L'air est frais et humide, et les timides rayons de soleil peinent à percer à travers l'épais feuillage. De temps à autre, des effluves de champignons viennent lui chatouiller les narines. Les feuilles bruissent doucement sous ses pas légers. Elle sait exactement où avancer pour ne pas troubler la mélodieuse symphonie entonnée par les oiseaux habitant les lieux. Doucement, elle avance, sans but, juste là, au milieu de cet autre monde, au coeur de la vie. Les bois laissent place à une clairière. Elle s'arrête, et retient son souffle. L'animal est là, juste devant elle, à quelques pas seulement. Ses oreilles frétillent, dressées, attentives au moindre signe de danger. Elle reste là, immobile, un long moment... Ses pensées l'engourdissent et déferlent alors en elle ... Les terres sur lesquelles elles se trouve embarquée lui paraissent bien compliquées à conquérir, et encore une fois, chaque jour lui demande une nouvelle ruse diplomatique, de nouvelles promesses, d'autres non-dits... Jamais elle n'aurait cru retrouver autant de ses anciens alliés, et quoiqu'elle puisse faire, elle se retrouve prise au coeur d'une toile drue et elle sait que le moindre faux pas la mènera à sa perte...Son regard se porte sur l'animal : les bois du cervidé s'élancent fièrement vers les cieux alors qu'il broute l'herbe fraîche encore baignée de rosée. Lentement, il avance, avant de disparaître derrière un fourré. Sheena reste pensive, puis reprend son chemin.


Elle ferme les yeux et se laisse guider par ses sens. Ses poumons s'emplissent d'un air nouveau, et il lui semble qu'elle respire plus aisément... Un craquement. Elle sursaute, et perçoit la course folle d'un petit rongeur s'enfuyant à toute allure dans le sous bois... Sa main s'arrête sur l'écorce d'un arbre : le chêne centenaire dont elle reconnaît les rides au toucher. Le parfum du genêt lui indique qu'elle avance vers la petite cascade, au pied de laquelle s'est formée une étendue d'eau féerique. L'elfette s'arrête et rouvre les yeux. Ces considérations guerrières s'envolent soudain. Elle est sereine, libérée, et là, en cet instant, ce sentiment que rien n'est impossible vient l'étreindre en une certitude sans faille. Elle observe le tableau qui lui fait face et tend la main vers la cascade, pourtant trop éloignée pour qu'elle puisse la toucher. Un effleurement imaginaire, la sensation d'avoir, une seconde à peine, appartenu à cette féerie parfaite.


Avec précaution, elle ôte ses vêtements, qu'elle laisse négligemment posés sur une souche d'arbre. Un pied dans l'eau, puis l'autre, elle s'enfonce un peu plus au sein de cet éden naturel. L'eau vient lui caresser la taille, et elle frissonne sous l'effet de cette fraîcheur nouvelle. Déjà, ses longs cheveux ondulent sur la surface lisse... Elle plonge, sans remous, elle glisse, et s'immerge totalement. La surface ne tremble pas, l'elfette nage en profondeur... Elle réapparaît plus loin, au centre du petit lac. Sa chevelure mouillée est plaquée en une couleur plus sombre sur sa tête, alors que les pointes flottent derrière son dos nu. L'elfette plonge de nouveau... Son esprit semble s'être détaché d'elle... Elle se baigne, longtemps, en communion idyllique avec le reste du monde qui l'entoure. Elle ne pense plus à rien, profitant seulement de ce cadeau providentiel, de ces instants magiques qu'elle a l'impression d'avoir dérobés au temps....


Le soleil monte dans le ciel azuré. Ses yeux verts se lèvent dans sa direction, et rencontrent une mosaïque verdoyante de feuilles, à travers laquelle se détache le bleu d'un ciel sans nuage. La journée promet d'être belle, et chaude. Elle sort enfin de l'eau, enfile de nouveau sa tunique et s'assoit en bordure, contemplant quelques minutes ce petit lac dans lequel elle vient de se baigner. Ramenant ses genoux sous son menton, elle est de nouveau absorbée par Cometomedhil... L'idée de trahir lui étreint le coeur, autant que celle de rester en dehors des champs de batailles, passive, en attendant la suite... Elle sait qu'elle se trouve face à une impasse, et que quelques soient ses futurs choix, ils lui en coûteront, et elle devra passer outre. Car avant tout, elle se bat pour sa Cité, pour le Clan. Elle se laisse tomber en arrière, et ses cheveux forment une couronne autour de sa tête posée à même le sol. Les yeux vers les cieux, elle reste submergée par ce tourbillon de préoccupations...

jeudi 31 juillet 2008

Dardhil


Ses alliés, d'un jour ou plus, ceux qui l'avait soutenue, Sir Guybrush, Ilthizan, Garandhiel, Erland, Garly, ses amis Dante Onkull et le Rat, et bien sûr les vainqueurs Maianico et Kamahl, tous étaient réunis autour d'un bon repas pour fêter la pacification du continent. Dès le départ, les combats s'annonçaient rudes et les noeuds difficiles à démêler. Il avait fallu frapper fort et vite pour déjouer les pièges d'une alliance astriane formée par Dame Aucklèce, Noir Feu, et leurs alliés, notamment Barahir. Et châtier ceux qui avaient osés proférer tant de mensonges, et d'infâmies à l'encontre de ceux qui lui sont chers. La vérité et la droiture l'avait rapidement emporté face à la perfidie! Les espions du royaume étaient là aussi, ils avaient bien mérité de fêter cette nouvelle, car leur zèle et leur rapidité avait permis à l'alliance d'être efficace. Les batailles avaient fait rage, dans un méli mélo de collaborations surprenantes, et c'est avec chance et soutien qu'elle se retrouvait à signer ce traité. L'elfette envoya un clin d'oeil à Garly en lui tendant une assiette remplie de crêpes, puis fît une grimace amusée à Dante, avant de sourire un long moment à son compagnon démoniaque qui se trouvait près d'elle. Sheena leva son verre en direction de Kamahl, qui lui avait laissé la vie sauve, et puis vers le Seigneur Maianico, sans qui elle n'aurait pu parvenir jusque là, et en qui elle avait découvert un allié loyal et vaillant. Elle rapportait ainsi sa 2nde victoire, et une nouvelle terre pour la Cité Clanique! Cette victoire, ce n'était pas vraiment la sienne, mais celle de tous les Seigneurs ici présents. Aucun n'avait démérité. Et c'est avec un sourire convaincu que la devise de son royaume défilait dans sa tête : "Toute puissance est faible, à moins que d'être unie"!


(Image Shinobu Tanno)

Le choix des armes


« Ainsi vint la neige après le feu, et même les dragons ont une fin » (JRR Tolkien)


L'elfette regardait les ruines encore fumantes sans mots dire. Douce torpeur après la bataille. La neige tombait doucement, et déjà un tapis blanc s'étendait devant ses yeux, parsemés de traces de sang et de cadavres...Ici avait été le royaume de celui qui fût son ami. Elle avait fait le choix des armes, elle avait écouté les tréfonds de son coeur, et savait que sa place était sur ce champ de bataille, malgré son pincement au coeur, et la colère que son acte avait engendré. Oui, Noir Feu avait compté vraiment pour elle, et il comptait encore, qu'elles que fussent les paroles qu'ils avaient pu s'échanger. Malheureusement pour eux, ils étaient destinés à devenir ennemis semblait-il... L'un comme l'autre ne fréquentait que des Dames et Seigneurs avec lesquels les tensions étaient trop fortes...


Il était hors de question pour elle d'abandonner Dante aux griffes vengeresses de Dragon et de sa Dame, et puis, elle en avait assez d'entendre sans cesse insultes et brimades proférées à l'égard du Seigneur Rat. Tout cela n'avait peut être été que le fruit d'une mésentente entre eux... Mais il lui semblait que même s'il elle avait pu changer le passé, les choses se seraient déroulées comme ça, et si ça n'avait pas été en ce sens, peut être que la scène aurait été inversée en cette heure sombre...Elle pensait aux propos de Noir Feu, qui, elle le savait, était persuadé de détenir la vérité. Comme elle cela dit...Un sourire fugace traversa ses lèvres rosées quand elle songea à leur entêtement respectif...Même ceux qui se battent pour un mode meilleur peuvent se trouver aveuglés par leurs idéaux... Une bourrasque vint soulever sa longue chevelure blonde alors que la mélancolie la tenaillait... Elle se souvenait de cette nuit, de leur valse, et se dit que sans doute, une nouvelle valse avait commencé, une valse qui prenait une tournure bien plus tortueuse et destructrice...


Elle releva la tête, pour contempler le désastre qui s'étendait sous ses yeux. Cette lune, c'était bien plus qu'un royaume qui était tombé... Une amitié avait été détruite... Elle avait détruit cette amitié... Une larme amère roula sur sa joue... Elle se prit à parler à voix haute : « Noir Feu, je ne t'oublierai jamais... Tu es un Seigneur vaillant, et tu essaies toujours de faire la justice et le bien, comme moi... Seulement, il semble que nous ayons pour cela emprunté des voies divergentes.... ». Sa monture piaffa nerveusement, l'odeur acre du sang la rendant nerveuse... Sheena baissa la tête, et d'un geste de la main, elle remonta sa lourde capuche sur sa tête. Elle jeta un dernier regard vers les décombres avant de talonner sa jument, qui se mit lentement en marche, ses sabots s'enfonçant en crissant dans le tapis neigeux...

Voyageauxfondesmersdhil


Un soleil radieux brillait dans le cieux ce matin là. Les pieds dans le sable, l'elfette regardait l'horizon océanique, une lueur de fierté dans le regard. Son aigle Maïka était postée sur son avant-bras droit. De la main gauche, elle serrait le parchemin, réalisant peu à peu ce qu'il signifiait. Un sourire joyeux se dessina sur ses lèvres.... Ils avaient réussi! Pour le Clan, pour eux, le Connétable du Bradaur et elle avaient finalement été au bout de leur promesse. Ils avaient gagné ensemble ce continent tant attendu! Elle devait beaucoup au Seigneur du Bradaur, qui avait su la contenir dans ses élans guerriers. Elle avait bien fait de lui faire confiance, et était enchantée de ramener cette victoire avec lui. Cela ferait taire les mauvaises langues claniques!!Elle songea à Dame Coccinelle, la remerciant silencieusement pour sa loyauté, et espérant la revoir pour se faire pardonner. Son attaque contre son royaume lui laissait un goût amer...Elle repensa à son papy, le marchand Hermès. Elle lui avait fait parvenir une missive, lui demandant si il pouvait lui faire affréter ce fameux bateau, non par pour une défaite, mais pour sa 1ère victoire! Elle voyait déjà le bâtiment poindre dans l'infinité bleue... Son regard perdu dans le vague, ses pensées se tournèrent vers le Seigneur Rat. Il était resté avec eux jusqu'au bout, les aidant malgré son départ précipité. Elle lui devait beaucoup aussi, et elle regrettait de ne pas partager cette victoire à ses côtés... Un sourire amusé, elle se dit que du moins, si lui et Hermès n'avaient pas survécu à la malédiction de Miss Under 10 Moons, le Connétable et elle avaient été épargnés!! Le traité de paix était signé... L'Orc Estre Saint Faunic partageait désormais cette victoire avec eux. Elle glissa le parchemin dans les serres de Maïka, et d'un geste ample du bras, elle envoya le rapace dans les airs... Se retournant, elle vit la bannière du Bradaur et la sienne flotter au vent, juste à côté de celle du Clan. Un peu plus loin, se dressait un temple où un autre oriflamme battait le vent, sur lequel on pouvait apercevoir un croquis de Margoulette. Voyageaufonddesmersdhil se souviendrait toujours de cette goule vaillante du Rat qui avait trouvé la mort au combat! Elle avança enfin tranquillement pour aller retrouver le Connétable, qui l'attendait un peu plus loin. Elle lui sourit et lui envoya un clin d'oeil : « On a réussi! »

Cauchemar

Les herbes hautes s'étalent devant ses yeux. Parsemées ça et là de fleurs sauvages multicolores... Ses jambes sont lourdes, elle a l'impression que ses genoux vont lâcher, qu'elle va s'effondrer d'un instant à l'autre. Pourtant elle avance, elle avance dans cette étendue verdoyante, elle avance à la recherche du bébé. Les cris et les pleurs du nourrisson la hante, ils l'entourent, et pourtant nul trace du petit être...Les vagissements cessent d'un coup, et un silence pesant s'installe...

Elle se trouve à présent dans une sorte de clairière au milieu du champ. Une petite fille lui fait face. Une longue chevelure blonde, un visage angélique. Des larmes qui coulent doucement le long de ses joues veloutées. L'enfant lève la tête vers elle, lui sourit et lui tend la main, alors que les larmes s'effacent sur son visage... Sheena tend à son tour sa main vers la fillette. Alors qu'elle s'apprête à la toucher, l'enfant se met à courir, en lançant un rire cristallin. Sheena la suit, elle ne commande plus ses jambes, celles-ci la porte vers la fillette, courent à la poursuite de l'enfant...

Le paysage fond peu à peu autour d'elles... Les voici dans un labyrinthe, dans un immense dédale de couloirs, formés d'épines et de ronces. L'enfant continue de courir en riant, Sheena sur ses talons. La course dure une éternité, et le rire de l'enfant tournoie dans la tête de l'elfette, y devient omniprésent, envoûtant, inquiétant...Les ronces se rapprochent dangereusement d'elles, elles les engloutissent. Indifférentes aux égratignures et aux écorchures qui leur tailladent à présent la chair, elles poursuivent leur course folle. L'enfant disparaît devant Sheena, qui continue de courir. Elle perd un instant l'équilibre, son pied vient heurter une racine qui dépasse sournoisement du sol. Elle tombe lourdement, soulevant un nuage de poussière. En levant la tête, elle l'aperçoit de nouveau... Dans un désert sombre et aride qui s'élève à présent en face d'elle. La fillette se tient là. Elle la regarde avec le même sourire que tout à l'heure. C'est alors qu'une lueur démoniaque se met à briller au fond de ses prunelles brillante. Son visage s'étire, et ses douces lèvres rosés se flétrissent sous le regard désabusé de Sheena. Un rictus déforme à présent ce visage émacié sur ce corps de fillette, alors que la créature éclate d'un rire diabolique. Sheena se relève tant bien que mal, les jambes plus lourdes encore. Sans comprendre pourquoi, elle s'élance en avant, elle court, de toutes ses forces vers la fillette maudite. Elle croise un dernier regard, dans lequel elle ne lit que satisfaction. Soudain, le sol s'ouvre sous ses pieds, un trou béant se crée sur son chemin, un précipice sans fond dans lequel elle tombe à présent. Un hurlement de terreur résonne à travers les parois, alors que Sheena s'enfonce dans les profondeurs de l'enfer....

Départ en guerre


Des dizaines... Ils trépignent, leurs naseaux frémissant. Autour d'eux, les sons devenus familiers. Des bruits métalliques, alors que les maréchaux terminent de les ferrer, et que leurs cavaliers adossent leurs lourdes armures. Les écuyers s'attardent autour des montures. Leurs gestes précis et efficaces mettent progressivement en place bardes et chanfreins, protégeant les équidés précieux contre les assaillants. Les montures sont toutes dotées des couleurs du royaume sur leur dos. Des cris, des rires, les guerriers sont plein d'entrain pour cette nouvelle bataille. Les heures passent, les préparatifs touchent à leur fin... Peu à peu, les retardataires rejoignent leurs montures. Un dernier coup d'œil vers une femme, un enfant, puis lentement, le long cortège coloré se met en branle. Le vide se fait dans le campement...


Les sabots martèlent lourdement le sol, soulevant des nuages de poussières. Afin brouiller les pistes, l'armée suit pendant un long moment le lit d'une rivière. Des gerbes d'eau éclaboussent les montures... Dans les rangs, les étendards flottent au vent. L'aigle semble alors prendre son envol, toutes griffes dehors, et rien ne semble pouvoir arrêter sa course, à l'instar de ses vaillants chevaliers. A l'avant, des flûtistes entonnent des airs entraînants, pour mettre du baume au cœur de cette armée elfe, et les hommes chantent à leur tour, pour se donner plus de courage. A l'unisson, dans une symbiose parfaite, la colonne poursuit sa route vers la mort et la douleur, vers la victoire et l'honneur... Les fiers destriers avancent sans rechigner, trop heureux de cette ballade matinale. L'odeur des montures se fait de plus en plus lourde à mesure que la chaleur se fait sentir. Derrière, un amoncellement de fantassins suivent les cavaliers, porteurs de tentes, d'armes, de nourriture et de soins...


Enfin, le champ de bataille est devant eux. La gaieté apparente fait place à une soudaine tension. L'heure est grave, et les équidés deviennent de plus en plus nerveux, à mesure que leurs cavaliers prennent conscience des évènements à suivre. La procession s'arrête peu à peu. Chacun sait où se placer, et bientôt, une ligne parfaite pointe sur cette partie de la plaine. Les cavaliers sont prêts à se lancer à l'assaut. Quelques hennissements, certains chevaux renâclent, sentant que quelque chose vient de changer...Les archers sont en position. Ils n'attendent plus que le signal.... Celle qui commande cette armée fait trotter sa monture devant ses rangs, et harangue au passage ses troupes. Ils doivent gagner, coûte que coûte. Enfin, un lourd silence s'installe. Elle place son destrier face à l'ennemi, et jauge d'un coup d'œil la puissance adverse. Sans sourciller, elle attend, immobile, le bon moment..... Un signe, infime, et l'ordre est lancé... La bataille commence, dans les cris de guerre, et avec cette volonté sans faille de vaincre.... Une fraction de seconde, et la plaine tranquille se transforme en un théâtre sanglant...

Buvons!

Ce soir, chez Khorèn, c'est soirée bistrot. Le Rat a sorti son pantalon de cuir noir et sa veste de poils de bêtes. Ce soir, le Rat compte s'amuser. Il sort tranquillement de la Cité Cerbère, et prend nonchalamment la direction de l'auberge, où il compte bien rencontrer quelques encapuchonnés, pour rigoler un peu. La démarche assuré, suivit comme à son habitude par ses rongeurs, le voilà donc sur la route. Devant lui, une demoiselle. Ses lèvres se retroussent une seconde. Peut être est-ce son jour de chance. Il s'approche un peu plus près, pour étudier la marchandise. Oh, avariée... La vampire dégage un parfum méphitique, et sa peau est terne et flétrie sous les reflets de la lune. Pourtant de loin, elle dégageait une certaine sensualité... Le Rat hausse les épaules, et reprend ses distances, incommodé par l'odeur. La morte vivante se retourne de temps à autre, lançant des regards vifs, presque apeurés en direction du Seigneur. Cela lui procure déjà un certain plaisir. Le Rat aime sentir la peur chez ses ennemis, quoique là, la proie ne semble guère en valoir la peine. Un mince sourire se dessine sur son visage glacial, alors qu'il s'imagine déjà en train d'arracher un doigt ou deux à sa victime. Mais, il tient à être présentable chez Khorèn, et n'intente donc rien, cela lui évitera les tâches indélébiles de sang. Encore une fois, elle se retourne fébrilement, observant son poursuivant le cœur battant. Le Rat se retient de rire, se demandant qui peut bien être cette écervelée qui parcourt seule les routes la nuit, alors que le simple mouvement d'une feuille la fait sursauter. Il secoue la tête d'un mouvement désapprobateur en songeant à cette indigne représentante de la noble race des vampires....

Sheena avait donné rendez-vous à plusieurs seigneurs et est vraiment ravie de constater que la plupart d'entre eux ont bien voulu venir sur son invitation. La salle est bondée, et elle est contente d'imaginer que cela fera le bonheur de son ami marchand. Le brouhaha ambiant couvre presque le grincement de la porte d'entrée. Pourtant, l'elfette curieuse lève les yeux à chaque nouvelle entrée. Elle voit arriver une femme, ou ce qu'il en restait, qu'elle n'a jamais croiser auparavant. A moins que... celle-ci lui rappela vaguement une histoire de coton tige... Ses os décharnés sous sa peau d'une maigreur morbide lui donna un frisson d'écœurement. La nouvelle venue jette un regard creux dans la salle, avant d'aviser une personne qui semble l'attendre et vers laquelle elle se dirige d'un pas dépourvu de toute grâce. L'elfette tourne bien vite les yeux, non intéressée par cette apparition insignifiante. C'est alors qu'elle voit le Rat qui entre à son tour. Ni une, ni deux, elle saute sur ses pieds, et va le retrouver pour lui souhaiter la bienvenue, en lui lançant gaiement :
- « Ratounet !!! Viens donc nous rejoindre , tout le monde t'attend ici ! Viens vite ! »
Un sourire éclatant éclaire à présent son visage, car elle se doute que la soirée va prendre une nouvelle tournure avec l'arrivée de son ami. Il s'excuse auprès d'elle avant de se diriger vers le comptoir, où il est sûr d'obtenir son Bloody Harpy plus rapidement que s'il attend bien sagement assis. Elle hoche la tête, et entreprend de l'accompagner plutôt que de retourner s'asseoir. Ils se rendent donc au comptoir, et attendent que le Rat soit servi. Tout en discutant, ils jettent tous deux un œil amusé vers la table de la créature, retenant leur fous rire en voyant les têtes médusées des deux femmes qui semblent avoir quelques petits problèmes de compréhension.

Tout d'un coup, l'une d'elle pousse un cri aussi strident que celui d'une chauve souris :
- « Attention ! »
Son visage prend une couleur livide, et les clients se retournent tous vers elle, croyant qu'elle va tomber dans les pommes. Elle tend un doigt tremblant vers un petit rat qui grimpe tranquillement sur l'épaule de son amie. La créature quand à elle sur les nerfs depuis le début, ne cherche pas à comprendre, et sort son poignard telle une enragée. Le Rat se précipite à la rescousse de son compagnon, et se retrouve la main clouée sur la table. Un rictus démoniaque se dessine sur son visage, alors qu'il entrevoit là l'occasion tant attendue de se débarrasser de la goule putride. Celle-ci arrache son poignard de la main du Rat, qu'elle regarde maintenant avec des yeux ébahis, entrevoyant dans les yeux du Seigneur les souffrances atroces qu'il lui réserve. Elle se relève dans un air qui se veut de défi, mais ses lèvres retroussés montrant ses dents jaunies sur son visage émacié fait exploser de rire la plupart de ceux qui regardent la scène d'un œil déridé. Hagarde, elle se met à courir en titubant, donnant des coups de poignard dans le vent, hurlant comme une hystérique. Il semble qu'elle se bat contre des forces invisibles, ce qui la met dans un état pitoyable. Un éclair de lucidité semble traverser son état de démence, et elle regarde autour d'elle en roulant les yeux comme un animal terrorisé. Suivit par son acolyte qui semble médusée par ce qui se passe, elles se précipitent toutes deux à l'étage, manquant de s'effondrer à chaque marche, tant elles semblent perdues.

Sheena regarde ce spectacle ridicule avant de se retourner vers son ami, et de lui appliquer un onguent cicatrisant sur sa plaie béante. Le Rat la remercie, puis tous deux retournent tranquillement rejoindre leur table, où les discussions reprennent leur cours, sans plus se soucier de ce qui vient de se passer.

Arrivée à Iòna


Ils chevauchèrent ainsi une bonne partie de l'après midi. Alors que le soleil commençait à baisser à l'horizon, Kenji lui dit :


- Nous serons arrivés dans moins d'une heure à présent.


Sheena hocha silencieusement la tête. La douleur dans sa cuisse s'était légèrement atténuée, et le sang martelait au rythme du trot. Elle huma l'air, et ressentit l'odeur spécifique de l'eau. Puis, elle entendit une rivière, qui devait passer non loin. A mesure qu'ils avançaient le ruissellement de l'eau se transforma peu à peu en un grondement sourd. Ils approchaient d'un fleuve. Enfin, au détour d'un virage, elle pût l'apercevoir. Il traversait une grande plaine en contrebas. Sheena adorait le contact de l'eau, depuis qu'elle était enfant, et cette vue la rassura, comme si enfin, elle était de retour chez elle. Ils descendirent une petite pente, puis Kenji laissa le cheval prendre de l'allure, tout en longeant le fleuve. Le liquide précieux s'écoulait avec une rapidité étonnante, et remplissait le lit du fleuve qui s'étendait dans une largeur impressionnante. L'elfette était absorbée dans sa contemplation, et peu à peu elle voyait poindre des montagnes en face d'eux. C'est vers ces dernières que Kenji les dirigeaient. Tout d'un coup, elle eût le souffle coupé. Là, au beau milieu du fleuve, fort de ce rempart naturel, se dressait, étincelante à travers une brume environnante, une majestueuse cité, aux murs d'une blancheur époustouflante, surplombée par quelques arcs-en-ciel. Elle n'en revenait pas ! Quelle splendeur se dégageait dans la contemplation de cette merveille ! Kenji sourit :


- Nous voilà chez nous. Je te présente Iòna, la Cité des brumes. C'est ici qu'Hapousenb a grandi, ici que je lui ai tout appris, ici que tu vivras désormais si tu décides de devenir sa fille adoptive.


Laissant l'elfette à son ébahissement, Kenji poursuivit d'un ton monocorde :


- Tu apprendras beaucoup ici toi aussi.


La Cité s'étendait jusqu'à la terre ferme. Sur la rive, se trouvaient marchands, et manants, auberges et petites masures. Ils arrivaient à présent près d'un embarcadère. Il se faufilèrent parmi les voyageurs qui désiraient rejoindre eux aussi la cité des brumes. Quelques marchands essayaient de convaincre de nobles dames que leurs tissus étaient les plus beaux, des enfants courraient joyeusement en criant à tout va, des mendiants tendaient leurs mains décharnées en lançant de maigres sourires édentés.... Leur cheval traversa la foule et s'arrêta devant une petite troupe formée de 4 soldats. Leurs armures paraissaient fraîchement sorties de la forge, à en juger par leur éclat, et sur le torse de chacune d'entre elle était dessiné un aigle s'envolant vers les cieux. Kenji mit pied à terre et adressa la parole à l'un d'eux. L'autre eut un regard méfiant, puis Kenji leva le poing vers son visage. L'homme eut un mouvement de recul, puis un instant d'étonnement. Il regarda la main de Kenji quelques secondes, puis s'inclina profondément. Le soldat se retourna, fit un signe aux passeurs, qui s'empressèrent de venir dans leur direction. Là encore, ils échangèrent quelques mots, puis un jeune elfe vint vers elle, s'inclina, puis saisit la bride du cheval. Sheena préféra mettre pied à terre à son tour. Elle se laissa tomber de sa monture avec une grimace lorsque l'onde se répandit dans sa cuisse, puis elle se dirigea vers Kenji. Celui-ci prit congé du soldat, puis entraîna l'elfette en direction de l'embarcadère. Leur cheval était juché sur une solide embarcation de forme rectangulaire, où se trouvaient déjà quelques voyageurs qui semblaient pressé d'entrer dans la cité. Ils montèrent à leur tour, et les passeurs se mirent à ramer. L'embarcation était reliée à la cité par un système de cordes qui permettait un maintien de la bonne direction malgré le fort débit d'eau. Les passeurs s'appliquaient à leur tâche, ramant à travers le courant de manière aisée. Sheena observa avec admiration leur dextérité, et leurs muscles saillants dans l'effort fourni. La traversée dura quelques minutes, puis ils arrivèrent enfin de l'autre côté. Les gens se bousculèrent pour descendre, alors queux-même attendirent un instant que la cohue soit passée. Sheena finit enfin par poser pied sur la cité d'Iòna. Elle avança de quelques pas, puis leva les yeux, impressionnée par le lieu. La ville paraissait immense, et très peuplée. Ils étaient arrivés dans le quartier populaire de la ville. Là encore, les mendiants côtoyaient les marchands, aussi avides les uns que les autres à extorquer quelques pièces aux voyageurs nouvellement arrivés. Kenji avait récupéré le cheval, mais ils continuèrent la route à pied. Ils traversèrent maintes ruelles, toutes plus animées les unes que les autres. A mesure qu'ils poursuivaient leur chemin, les ruelles devenaient de vraies rues, plus larges, puis la terre sous leur pied fût peu à peu remplacée par des pavés. Ils avaient pénétré dans les quartiers riches de la ville. Les masures avaient laissé place à des maisons, et les rues étaient désormais fréquentées par des personnes bien mieux habillées. La cité était apparemment majoritairement peuplée d'elfes et elle fût heureuse de constater qu'elle allait enfin vivre parmi les siens. Sheena se sentait quelque peu ridicule au milieu d'eux, avec ses vêtements crasseux et ses cheveux en bataille. Elle s'empressa donc de mettre sa capuche, histoire de passer plus inaperçue...Kenji marchait d'un pas alerte, et avançait toujours plus. C'est à cet instant qu'elle aperçut un magnifique palais, qui s'élevait à travers la brume. Kenji eut un sourire et dit :


- Cette fois, notre périple touche à sa fin. Voici le palais d'Iòna. Voici ta nouvelle demeure.


L'elfette n'en crut pas ses oreilles.


- Ma nouvelle demeure. Que racontes-tu là ?


- Oui ma chère, mais nous allons entrer, je t'expliquerai tout ça quand nous nous serons reposé et que nous aurons mangé.


Des gardiens se tenaient devant les lourdes portes, lances pointées vers le ciel. L'un d'eux, à l'armure plus élaborée que les autres s'approcha d'eux pour les identifier. Il lança un grand sourire à Kenji et s'inclina, puis lança un regard suspicieux vers l'elfette.


- Bon retour parmi nous Maître Kenji. Je suppose que cette étrangère est votre invitée.


- Merci. Oui, elle est avec moi. Souviens-toi bien elle mon ami, dorénavant elle pourra venir ici à sa guise, m'as tu bien compris ?


- Parfait, je saurai m'en souvenir.


Il regarda Sheena dans les yeux, puis lui lança un sourire. Après quoi, il continua vers Kenji :


- Vous êtes attendu avec impatience. Nous avons cru à votre perte. Je fais prévenir le seigneur Elros de Númenor de votre arrivée.


Il s'écarte alors, leur faisant signe de passer. Kenji pousse légèrement Sheena pour l'inciter à avancer. Elle le suit donc à l'intérieur du palais. La porte donne directement sur une cour intérieur. Maintes petites fées lumineuses tournoient autour de leur tête, ce qui fait sourire l'elfette malgré elle. Des fontaines côtoient une nature verdoyante et fleurie, dans cette cour gigantesque. Après avoir monté un autre escalier, les voilà à l'intérieur même du bâtiment. Un escalier grandiose leur fait face, taillé dans un bois précieux. Ils sont à présent dans le hall du palais. Serviteurs s'affairent de toute part, alors que quelques nobles discutent tranquillement sur de bien douillets fauteuils. Ils toisent Kenji et Sheena comme si des mendiants leur faisaient face, et même les serviteurs leur jettent des regards étonnés. L'elfette se met à rougir violemment, consciente que sa place n'est pas ici, dans cet accoutrement. Kenji ignore ouvertement les autres, et monte d'un pas décidé l'escalier. Elle le suit docilement. Arrivés en haut, ils traversent plusieurs couloirs, puis Kenji lui ouvre enfin un porte, en bout de couloir.


- Voici tes appartements. Tu y trouveras tout le nécessaire. Des vêtements propres t'attendent. Je reviendrais te chercher demain. J'ai des choses importantes à régler. Puis il la regarde et lui fait un sourire.- J'espère que tu te plaira ici. Tu peux sortir, faire ce que tu veux. Tu es libre de tes mouvements, donc n'hésite pas. Toutefois, je t'ai déposé un laisser passer sur le lit. Garde le toujours avec toi pour le moment, car tu es une étrangère, et personne ne te connaît encore.


Sheena sourit à son tour. Une boule lui sert le ventre, elle ne se sent vraiment pas à sa place ici. Elle ne dit rien, et se contente de hocher la tête en entendant les paroles de l'homme. Il sort, et la laisse seule dans l'immense chambre....Elle reste un moment près de la porte, étonnée d'avoir pu arriver jusqu'ici, dans l'une des chambres d'un palais. Elle regarde autour d'elle avec curiosité. Tout est calme, pas un bruit ne filtre dans la pièce. Une impression de pureté l'entoure. Des fleurs délicates sont posées ça et là dans des vases, déployant leurs couleurs multicolores, et leur parfum envoûtant. Un bureau, quelques meubles d'une grande beauté, des tapis moelleux au sol, et un lit vers lequel elle se dirige. Elle remarque un document portant un sceau, et suppose qu'il s'agit du laisser passer. Elle le pose sur une table, puis elle s'assoit avec délectation sur des draps d'une infinie douceur. Elle s'allonge et pose sa tête sur les oreillers veloutés. Le regard ainsi tourné vers le plafond, elle remarque que celui-ci représenté la voûte étoilée. Elle est impressionnée par tant de beauté. Elle se relève doucement puis se dirige vers les fenêtres. Elle les ouvre, et se laisse envahir par le spectacle qui s'étend sous ses yeux. D'ici, elle voit toute la ville, du débarcadère, jusqu'à la cour du palais. La brume se parsème ça et là, percée en maints endroits par des petites fées, semblables à celles qu'elle a aperçu dans la cour. C'est alors qu'elle remarque une porte attenante à la chambre. Elle s'y dirige, et découvre avec un bonheur non feint qu'un bain bien chaud l'attend déjà. Sans attendre davantage, elle ôte ses vêtements sales, et se laisse aller avec plaisir dans l'eau parfumée....Après de longues minutes passées à se prélasser, elle sort tranquillement de l'eau. C'est alors qu'elle remarque que sa blessure ne la fait plus souffrir, et que mieux encore, la plaie est cicatrisée. Voilà une eau au pouvoir guérisseur se dit-elle. Elle essuie soigneusement ses cheveux, puis son corps, et retourne dans la chambre, où elle se blottit dans les draps et s'endort comme une enfant, après ce long voyage...

Archère


Le retour du moine défroqué


Le soleil brillait bien haut ce jour-là, malgré le froid hivernal. Sheena, Maîtresse du fouet, et son ami le Baron Niqueur se promenaient dans les rues de la Cité du Glan. Ils entendirent soudain des éclats de rire provenant de la porte d'entrée. Ils s'y dirigèrent donc prestement, avides de voir ce qui s'y passait. Le spectacle qui s'offrait à eux était des plus singuliers. Shaolin le moine se tenait pieds et poings liés sur un mulet, portant l'un des T-shirt à l'effigie du Glan (un soft, il faisait attention à sa réputation quand il passait les lourdes portes), ainsi qu'un caleçon tout mimi avec des petites fleurs multicolores. Il affichait une mine réjouie, vraiment heureuse, limite béate. Sheena ne put s'empêcher de rire à son tour, alors que le Baron lui lançait :
- « Et bien mon ami, quel accoutrement ! Te voilà drôlement fait ! A voir ta tête, j'en déduis que tu as dû passé une nuit des plus mouvementées !! Cela faisait bien longtemps qu'on ne t'avais vu aussi joyeux ! Allez dis-moi, quelle donzelle as bien pu te mettre dans cet état ! » Lui lançant un sourire convenu, il continua : « Je voudrais bien l'essayer moi aussi !!Allez, tu partagerai bien avec tonton Niqueur !! »
Shaolin lui répondit d'une voix étrange, encore tout à son émotion immense et au plaisir auquel il avait goûté :
- « Ah, si tu savais !! Celle qui m'as mis dans cet état, tu la connais, mais détachez-moi donc vous deux, maintenant que je suis arrivé !! »
La Maîtresse du fouet s'approcha du Moine et d'un geste leste, dénoua pieds et poings. C'est alors seulement qu'elle avisa que la devise du Glan avait été rayé et remplacée par ces mots : « Traîtrise - Lâcheté – Couardise ». Là, elle sourit franchement, car elle venait de réaliser qui lui avait fait passer de si agréables moments :
- « Ah, j'ai compris !!! Tu n'as pu t'empêcher d'aller retrouver la reine du RDG, la Fée !! » Lui faisant un clin d'œil : « Je vois qu'elle t'a laissé sa signature !! »
Le Moine sourit de toutes ses dents et répondit :- « Oui, c'est bien elle ! Ah si vous saviez ! Mais j'ai soif là, allons donc boire un peu à la taverne ! Je suis sûr que Fallus et le Comte Haboule seront eux aussi empressés de tout savoir ! »
Sur ce, les 3 compères se dirigent vers la taverne...
Pendant ce temps, le Gardien MaqueueFly avait eu vent des évènements s'étant déroulés aux portes de la Cité. En bon connaisseur des membres du Glan, il se doutait que le Moine défroqué irait conter ses aventures en taverne et décida donc de s'y rendre à son tour. Il mit un temps fou à choisir des vêtements convenables, et opta enfin pour la totale : Heaume avec l'écusson du Glan, pull imprimé à la gloire de toutes ses victoires à l'avant, et avec son nom à l'arrière. Le tout agrémenté par un joli pendentif de Glan et la bague assortie. Il se mit donc en route, et s'arrêta devant les appartements de sa chère et tendre Xéna des Belles Fesses. Il toqua à la porte, entra, et ne ressorti qu'une heure plus tard au bras de la belle Dame (Ben quoi, elle aussi elle est coquette !! :DD) . Xéna prit la parole :
- Mon Seigneur, peut être pourrions-nous faire un crochet au RDG. Je suis sûre que l'Architecte et l'orc puant sont encore en extase devant toutes les beautés du lieu !
- Bonne idée !
Les voilà donc sur le chemin du RDG. Xéna des Belles Fesses ne s'était point trompée. Lorsqu'ils pénétrèrent dans le lieux, ils y trouvèrent Keudepig en train de recompter les culottes accrochées au mur :
- Oh, aller sale orc Onkull, avoues que tu m'a piqué une des culottes de la Fée. Il manque la rose, avec des petits nœuds partout, quelle avait signé pour moi !
- C'est pas moi qui t'ai volé celle-là. Peut être un des strings de Folle Horsd'elle, mais c'est si petit que tu peux pas m'en vouloir !
Keudepig s'apprêtait à se mettre en colère, quand il se rendit compte de la présence de MaqueueFly et de Xéna des Belles Fesses :
- Ah tiens, vous n'auriez pas une idée de l'identité du coupable par hasard ? Si je le retrouve, je jure de le noyer dans la bière du Nain Distillateur !
- Non, pas la moindre. Quoique notre Morbake a passé pas mal de temps ici hier au soir... Dîtes, il semble que Shaolin ai une super histoire à nous raconter, vous nous accompagnez ?
Et voilà MaqueueFly, Keudepig, l'orc crasseux, et Xéna des Belles Fesses en route pour la taverne. Lorsqu'ils arrivèrent enfin, la taverne était déjà pleine. Tous les membres du Glan étaient suspendu aux lèvres du Moine en caleçon, même Kéké, Bradur et Foltaire, qui se tenaient un peu à l'écart, un peu plus près du tonneau de bière pour ne pas manquer de liqueur précieuse. Ali Bouboule arriva le dernier, tout sourire en apercevant l'état du moine. Ils s'assirent tous, et écoutèrent le moine défroqué leur raconter la nuit de « torture » que lui avait fait « subir » une Fée plus déchaînée que jamais depuis qu'elle était parti du Glan, et qu'elle avait pris un nain et son orcounet pour amant.
- « J'avais envie d'être seul ce soir là. J'avais donc envoyé mes troupes chez un Seigneur... Je ne sais même plus qui d'ailleurs, tellement cette soirée fût chaude ! Après avoir fait un petit tour de ci de là, je constatais que j'étais bien tranquille dans mon royaume. Bon...Euh, voilà, Keudepig, ne te fâche pas, je suis sûr que tu as remarqué qu'un de tes « trophées » avait disparu du mur du RDG. »
Le moine tourna la tête vers Keudepig en disant cela et vit que ce dernier fit un énorme effort pour ne pas aller noyer le moine dans son verre, lui qui avait osé profaner son Temples de la Lingerie ! Il se resservit à boire et resta assis à écouter la suite de l'histoire :
- « Et bien, j'avoue qu'avant de partir en campagne, j'ai la nostalgie de la Fée qui est montée... Ne me regardez pas tous comme ça, c'est vrai que vu comme ça, nos relations sont chaotiques, mais dès que nous nous rendions au RDG !....Enfin voilà quoi , j'ai chopé une des culottes de la Fée. J'avais beaucoup bu, et il y avait cette culotte...Enfin, j'ai cru avoir une hallucination quand j'ai vu la reine du RDG pénétrer dans la chambre, dans une tenue ultra moulante de cuir rouge et noir. Le rêve ! Elle avait l'allure bestiale, et ses os craquaient de tous les côtés (je crois que la pratique intensive de l'orc, c'est pas bon pour les os !!), mais bon sang, elle n'a jamais été aussi entreprenante ! C'était.... »
Les autres le regardait, amusés. Ils imaginaient bien la scène et la tête que faisait le moine en disait long !
Il continua :
- « Sus au Glan, qu'elle criait ! Une telle rage brillait dans ses yeux ! Et puis elle s'est mise à tout saccager, détruisant tout sur son passage avec son épée immaculée ! Elle m'a empoigné...Et puis, là, elle a sorti tout un tas d'accessoires. Je vous laisse imaginer la suite, elle a entrepris de me torturer, c'était tout simplement inoubliable ! Il faudrait que je la rencontre encore une fois, oui, je vais repartir en campagne dans l'espoir de revivre encore un tel moment ! Que sont bons les combats et son lot de souffrances ! Plus rien ne l'arrête, elle s'est transformée en véritable tigresse assoiffée de violence et de plaisir charnel ! A peine après en avoir fini avec moi qu'elle s'imaginait déjà avec son orcounet ! Insatiable cette Fée !...»
Le moine en caleçon continua à narrer une à une les tortures infligées par la Fée toute la nuit durant. Les membres du Glan passèrent une excellente soirée, comme il n'y en avait pas eu à la Cité depuis longtemps maintenant. C'était rare qu'ils se retrouvent ainsi tous ensemble. Au petit matin, ils portèrent un dernier toast à la Fée avant de s'en aller chacun de leur côté.

Les pilleurs


Elle fût éveillée par des bruits de pas. Elle se leva rapidement, toute trace de sommeil évanouie. Des pilleurs ! Ils étaient déjà là, et elle n'eût que le temps de se saisir d'une épée que lui avait fourni Kenji. Elle jeta un coup d'œil dans sa direction. Il était déjà aux prises avec deux hommes. Il avait l'air de bien s'en sortir, et elle ne put qu'admirer son agilité et sa dextérité face à l'ennemi. Bon sang, comment avaient-ils pu se laisser surprendre ainsi ? Elle jugea la situation en un clin d'œil. Quatre adversaires s'approchaient déjà d'elle. Deux d'entre eux avaient des arbalètes, et elle constata que l'un des hommes tirait déjà dans sa direction. Elle courut à toute allure vers les chevaux, qui hennissaient et renâclaient nerveusement. Alors qu'elle s'approchait, l'une des montures réussit à se défaire de la bride qui l'entravait, et s'enfuit dans la plaine. Sheena se maudit d'avoir mal attaché l'animal puis s'empara d'un bouclier de bois, et se retourna vivement. Elle eût juste le temps de rouler à terre pour éviter la première flèche. Cette dernière passa tout prêt d'elle, à en juger par le sifflement qu'elle perçut sur sa droite. Puis, les deux archers se mirent à tirer. Elle réussit à esquiver 3 puis 4 flèches. Deux des projectiles vinrent directement se planter dans son bouclier. Elle regarda en direction de Kenji. Ses deux adversaires agonisaient au sol. Bien. Elle s'approcha de celui qui se tenait le plus prêt d'elle, et lui décocha un coup d'épée dans le flanc. Il hurla de rage, et tenta de lui rendre la pareille, mais la douleur l'en empêcha et Sheena en profita pour lui asséner le coup final. Reste trois. Elle se retourna trop tard, et n'eut pas le temps d'esquiver la flèche qui s'enfonça dans la chair de sa cuisse droite. Elle poussa un cri, et prit appui sur un arbre juste derrière elle pour ne pas tomber sous le coup. Les ennemis approchaient, armés de leurs lances. Kenji profita qu'ils lui tournaient le dos, pour en abattre deux d'un seul coup d'épée. Sheena quand à elle, réussit à désarmer le dernier, et lui trancha la gorge. Puis elle tomba contre l'arbre, une douleur vacillante à l'endroit où la flèche était plantée. Elle était en sueur, et souffrait beaucoup. Kenji s'approcha d'elle, et sans autres commentaires, arracha d'un coup sec la flèche de la cuisse de Sheena. Elle hurla de douleur, et ferma les yeux, retenant ses larmes. Kenji agissait machinalement, comme si il avait fait ça des dizaines de fois durant sa vie. Il sortit d'une de ses poches un onguent qu'il étala sur la plaie béante, tout en récitant une sorte de prière dans une langue inconnue. Sheena l'écoutait sans l'entendre, tant la douleur était insupportable. Elle laissa sa tête se poser contre le tronc, et ferma les yeux, envahi par un frisson intense. Puis, d'un coup, elle sentit ses forces partir, se vider de son être tout entier. Sa tête tournait, lourde. Elle lutta intensément pour ne pas s'évanouir, et se força à se concentrer sur les paroles monotones prononcées par Kenji. Les mouvements de l'homme étaient rapides et précis. Il avait déchiré un morceau de tissu, qu'il entourait à présent autour de la cuisse de l'elfette. Il continua ses prières pendant de longues minutes, et il sembla à Sheena que la douleur s'atténuait peu à peu. Kenji se leva, et rapporta un peu d'eau qu'il lui passa doucement sur la visage. La fraîcheur lui fît le plus grand bien, et elle reprit ses esprits. Elle remercia Kenji de son aide, puis se releva péniblement. Une douleur lancinante la martelait. Ils décidèrent de repartir sans tarder, afin de soigner plus convenablement la blessure. Kenji l'aida à monter sur le cheval, puis grimpa à son tour. La monture se mit en route, au petit trot....

Sur la route d'Iòna

Kenji la réveilla quelques heures plus tard. Ils prirent un repas frugal et se remirent en route. Le jour se levait tout juste, et de lourds nuages obscurcissaient le ciel. Une brume épaisse s'élevait des rizières, rendant les alentours plutôt inquiétants. La femme leur fit don de 2 chevaux. En fait, il semblait plutôt que les chevaux avaient été amenés ici juste pour eux. Sheena fût heureuse de pouvoir sentir à nouveau cette sensation merveilleuse que procure le chevauchement. Sa monture avait à la crinière claire avait une robe sombre. Ils se mirent en route vers l'est. Ils durent traverser les rizières. La route commença en silence. Seuls les clapotis des sabots s'enfonçant dans l'eau venaient perturber la scène. Les oiseaux chantaient dans un joyeux concert matinal. Sheena se lançait porter par son cheval, qui suivait docilement celui de Kenji. Peu à peu, les nuages laissaient place à un soleil éclatant. Pour l'heure, la fraîcheur de la nuit leur permettaient d'avancer sans contrainte, mais bientôt, la chaleur deviendrait étouffante. Peut être Kenji leur laisserait-il faire une pause quand le soleil serait à son zénith. Sheena se laissait nonchalamment bercée par le rythme du cheval, tout en ne perdant aucune miette du paysage environnant. Elle avait toujours apprécié voir le lever du jour, jamais elle ne se lassait de ce spectacle grandiose. Les reflets du soleil sur la rosée matinale, les couleurs pastels que prenait le ciel, les chevreuils qui profitaient du calme pour chercher des bourgeons appétissants...Cette tranquillité apaisante lui permettait de clarifier ses pensées, et lui procurait un bonheur indescriptible.
Une heure après leur départ, Kenji se décida enfin à parler :

- Je vous emmène au sein de ma Cité, Iòna, selon les dernières volontés d'Hapousenb.

- Iòna.... Ainsi vous connaissiez Hapousenb ? Que vous a t'il demandé, pourquoi a t'il voulu que je vous suive ?

- Oui, Hapousenb était mon élève, il y a de cela fort longtemps. C'est moi qui lui ai appris l'art des Shurikens. Il a grandi à Iòna, et en est parti pour des raisons qui me restent encore obscures à ce jour... La fuite de responsabilités trop lourdes à porter sans doute...Toujours est-il que je me suis employé depuis son départ à le retrouver.

- L'art des Shurikens... Sheena se remémora la mort de son grand père. Depuis ce jour, par respect pour celle qu'il considérait comme sa fille, Hapousenb avait cessé de se servir de cette arme, du moins en sa présence. Cette petite fille, il l'avait prise son aile, considérant son intervention comme un signe des Dieux, et il l'avait emmenée avec lui pour purger chaque jour sa peine, en lui rappelant tout le mal qui avait fait subir à de nombreux innocents.

- Oui exactement. J'ai été son professeur, et je dois avouer que ce ne fût pas une mince affaire. Hapousenb était un esprit libre, à la recherche d'une quête supérieure. Je ne sais pas si sa vie a été conforme à ses souhaits... Toujours est-il que j'ai retrouvé sa trace il y a peu de temps. Il m'a annoncé son projet, je lui ai rétorqué qu'il était fou. Il ne l'a pas mal pris, au fond, il savait que j'avais raison. Mais c'est alors qu'il m'a parlé de vous. Il m'a avoué son désir de vous adopter légalement, et je l'ai aidé à faire les quelques démarches nécessaires pour y parvenir. Si vous y consentez, bien sûr, à notre arrivée, vous devrez à votre tour m'accompagner pour remplir quelques documents.

- Je vois... Sheena sombra dans la mélancolie un instant. Il ne m'a jamais fait part de son souhait. Je vous avoue ne jamais avoir réfléchi à cette possibilité, et je ne me rends pas bien compte des conséquences d'un tel acte. Voyez-vous, j'ai vécu jusqu'aujourd'hui sans aucune attache. Bien sûr, j'ai vécu toutes ces années en compagnie de mes frères de misère, mais après tout, rien ne me reliait vraiment à eux, et j'étais libre de partir à ma guise...

- Vous aurez tout le temps nécessaire pour penser à cela une fois arrivée. Vous savez, il vous portait dans son cœur. Je ne doute pas un instant que ses dernières pensées aient été pour vous. Il m'a imploré de vous prendre à mon tour en charge. Vous savez, je ne suis plus de la première jeunesse. Je suis humain, vous êtes elfes. Le temps n'a pas d'emprise sur vous, alors que chaque jour qui passe me vieillit un peu plus. Je n'ai plus d'élèves depuis bien longtemps à présent. Mais par respect pour celui qui fût mon meilleur disciple, j'ai accepté sa requête. Je vous apprendrai l'art des Shurikens.

Elle garda le silence un instant suite à ces révélations. Ainsi, son destin la conduisait à tout apprendre de l'arme qui était responsable de l'exécution de son grand-père.... Elle ne savait plus trop quoi penser de cela, et répondit à Kenji :

- Mon maître... Ainsi donc, je devrais apprendre de nouveau à ôter des vies ? Quelle étrange destinée...

- Sheena, vous devez savoir qu'il n'incombe qu'à vous d'enlever ou non des vies. L'arme n'est que le moyen qui sert votre pensée. Elle ne prend vie que par vos mains, c'est vous qui décidez ou non de mettre en pratique le cheminement de votre pensée.

Kenji retomba dans le silence. Sheena ne répondit pas à ces dernières paroles. Que pouvait-elle dire, sinon que l'homme avait raison... Elle leva les yeux vers le ciel azuré, et médita longtemps sur ce qui lui avait dit son maître, puisqu'il convenait à présent de l'appeler ainsi.

Vers midi, la chaleur commença a devenir insupportable. Kenji avisa un petit étang, abrité par divers arbres. Ils descendirent de leur monture, et elle fût chargé de faire boire les chevaux. A son retour, elle attacha les brides autour d'un hêtre, et rejoignit Kenji. Il avait profité de son absence pour allumer un feu, sur lequel il mit à bouillir une petite casserole dans laquelle il plongea quelques légumes donnés par le femme avant leur départ, ainsi que des petits champignons. Après ce repas, ils décidèrent de prendre un peu de repos. Kenji alla s'installer au pied d'un arbre pour dormi, alors que Sheena se rapprocha de l'étang. Elle s'assit au bord de l'eau et resta là à observer les éléments qui l'entouraient. De temps à autre, un poisson venait gober un insecte sur la surface de l'eau, provocant une auréole à la surface de l'eau. De nombreuses grenouilles croassaient autour d'elle, et elle en aperçut quelques unes nageant à la surface de l'eau. Des nénuphars blancs déployaient leurs pétales sur le bord de l'eau, alors que des roseaux étaient bercés doucement par une petite bris qui venait de se lever. Un héron se tenait à l'autre bout de l'étang. Tout comme elle, il attendait. Il attendait le bon moment pour plonger dans l'eau en quête du poisson qui lui servirait de met pour son repas. Et elle, qu'attendait-elle ainsi ? Elle finit par s'assoupir, emporter par le manque de sommeil des 2 jours précédents.

Un dimanche matin


Tout était tranquille ce matin. Une fois par semaine, le calme revenait. Cette journée du dimanche ne donnait jamais lieu aux combats, un pacte entre les guerriers était passé : pas de batailles, juste du repos bien mérité, pour les Seigneurs, et surtout pour les troupes qui se battaient ardemment lors des conquêtes. En ce matin, Sheena était tranquillement postée sur son arbre. Les premiers rayons du soleil commençaient tout juste à inonder la resplendissante Cité, encore plongée dans sa quiétude matinale. A cette heure-ci, tout respirait la sérénité et le bonheur. Elle adorait regarder la Cité se réveiller doucement et sortir peu à peu de sa torpeur nocturne. Tandis qu'un soleil d'une couleur claire se levait lentement à l'horizon, les premiers habitants se réveillaient. Souvent, des hommes chargés de l'entretien de la Cité, qui sortaient aux aurores pour commencer leur besogne. Mais comme chaque dimanche, ils savaient qu'ils disposaient de plus de temps, que rien ne les pressaient. Au coin des rues souvent ils s'arrêtaient, rencontrant un ami avec lequel ils discutaient durant de longues minutes... Sheena ferma les yeux et écouta les sons qui parvenaient jusqu'à ses longues oreilles d'elfe : les oiseaux le matin s'ébattaient en un joyeux concert. On aurait dit qu'ils s'étaient tous donné rendez-vous sur son arbre, pour émettre leurs chants mélodieux. Tant d'espèces différentes vivaient ici qu'il étaient bien difficile pour elle de deviner combien ils étaient. Mais peu importe, elle se laissait emporter dans leur harmonie, bercée par cette douce mélodie. Des bruissements d'ailes autour d'elle, le vent dans les feuilles... Et puis l'enchantement de la petite rivière qui traversait la Cité. Ses eaux claires se répandaient doucement dans son lit, déversant un son cristallin. Soudain, les cloches de l'église sonnent. 6 coups... Bientôt, de la fumée s'échapperait des cheminées de chaque chaumière, donnant cette impression de chaleur, et redonnant vie à cette Cité fantôme, glacée dans ce froid hivernal... Sheena sentit la douceur des rayons du soleil sur sa joue. Un frisson la parcourue. Il faisait vraiment froid ce matin là. Elle s'était enveloppée dans une grande cape de laine de couleur pourpre, et son corps baignait ainsi dans une douce chaleur. Quel bonheur ! Elle se sentait vraiment bien ici, elle avait bien fait de suivre son frère. Elle comprenait parfaitement la raison pour laquelle il se sentait si bien en ces lieux bienfaisants....7 coups....Le vent caressait sa longue chevelure, jouant avec ses mèches blondes. La Cité reprenait vie : au loin, on pouvait entendre un bruit métallique et régulier, émit par des forgerons matinaux. Le tavernier sortit sur son palier, regarda autour de lui, guettant la clientèle. Il secoua sa tête pour chasser un bâillement, reste de sa courte nuit. Il tourna sa petite pancarte, signifiant son ouverture, puis rentra quelques secondes dans sa taverne, pour en ressortir bientôt, portant dans ses bras un tableau à craie, sur lequel il allait bientôt noter les menus du jour... Une délicieuse odeur vint titiller les narines de l'elfe : des viennoiseries sortaient du four !!! Voilà près de 3 heures maintenant qu'elle était perchée sur son arbre, son estomac commençait à réclamer son dû. Sheena n'y tenant plus se laissa glisser le long du tronc et se dirigea calmement vers la taverne, afin d'y prendre un bon petit déjeuner. Elle poussa la porte et adressa un grand sourire au patron. Comme chaque dimanche, elle était la première arrivée (derrière les chats errants qui réclamaient du lait à l'arrière boutique :cat:). Elle s'installa en retrait, sur une petite table proche de la fenêtre, d'où elle pourrait observer ce qui se passait au dehors. Un rayon de soleil plongeait directement dans la petite fontaine située juste en face, faisant étinceler chaque goutte d'eau tombant dans le bassin. Une demoiselle lui apporta une boisson chaude, accompagnée de délicieux pains fourrés au chocolat encore chauds.... Sheena plongea ses lèvres dans le bol brûlant... Aie ! Quelle idiote, elle venait de se brûler !... Elle croqua dans le petit pain, et se dit qu'elle retenterai le bol plus tard, quand il serait un peu moins chaud. De toute façon, elle avait tout son temps. Bientôt, l'endroit se remplirait de Seigneurs. Elle les attendrait donc, histoire de leur souhaiter à tous un bonjour...